Après Baiona, nous continuons notre périple vers Lisbonne où j'ai prévu de passer du temps avec ma fille Soizic qui y habite depuis 2017.
Le 28 août donc, nous sortons de l'ensenada de Baiona tranquillement. Pas trop de mouvement au niveau des pontons, Brigitte assure à la barre pendant que je range amarres et pare battages. Il y de la brume sur la terre et du soleil sur la mer. La houle annoncée est bien présente, de 2 à 3 mètres de creux avec une période de 10 secondes. Rien de méchant même si cela peut paraître impressionnant surtout lorsque arrive une vague un peu plus importante.
La minute du marin pro.
La houle est un mouvement ondulatoire de la surface de la mer, formé par un vent lointain qui se propage sur de longues distances avec une période plus régulière et des crêtes plus arrondies que les vagues locales. Caractérisée par des vagues non déferlantes, la houle peut s'étendre sur de grandes distances sans grande perte d'énergie, pouvant creuser une mer en l'absence de vent fort. elle se distingue des vagues formées par le vent local, plus courtes et plus irrégulières et qui finissent par déferler.
La période est l'écart entre 2 vagues mesuré en secondes. Si la période est élevée (au dessus de 12 secondes), on parle de houle longue. Cela signifie que les vagues proviennent d'une tempête à des milliers de kilomètre.
La houle est considérée comme petite (< 2 mètres) , modérée (de 2 à 4 mètres), et grande (>4 mètres).
Nous naviguons donc dans un champs de houle « modéré » mais cela ne rassure pas mon matelot préféré pour autant. J'aime à comparer cela à des collines qui se déplaceraient lentement.
Juste après avoir débordé le cap Siller, cap plein sud pour rallier Viana do Castelo. Une importante concentration d'oiseaux divers est sur zone, un pêcheur vient de quitter les lieux et deux dauphins passent furtivement après s'être sans doute invités au festin.
Un peu plus tard, un autre dauphin m'accompagnera brièvement sans me laisser le temps de lui tirer le portrait. Puis ce sera une grande parade juste au niveau de la Guarda qui marque la frontière Espagne Portugal. J'aurais le bonheur d'être accompagné par une joyeuse troupe, certainement en chasse puisqu'il m'a semblé apercevoir des éclairs argentés fuyant les dauphins des sardines sans doute. Ce qui n'empêchera pas les dauphins de venir jouer à la proue d'Azadi. Magique. (la vidéo ici)
Nous avons croisé quantité de casiers tout au long de la journée pas toujours bien signalés, au mieux une petite bouée, une bouteille plastique mais jamais de perche !!!!!
Nous arriverons tranquillement à Viana do Castelo en début d'après midi. La houle s'est un peu calmée sur la fin du parcours.
Nous ne sommes pas restés assez longtemps pour profiter de toutes les belles choses à voir à Viana do Castelo. Pour ne rien rater, jetez un œil sur ce très bon site (ici)
Après Viana do Castelo, Azadi, et son équipage continueront leur route vers le Sud, direction Porto, ou plutôt le port de Leixoés. Dès 8:00 nous sommes en route pour une navigation tranquille d'un peu plus de 30 milles. Toujours cette houle de 2 à 3 mètres par le travers arrière et maximum 10 nœuds de vent. Navigation principalement au moteur plus grand voile pour bien appuyer le bateau sur un bord et ainsi limiter le roulis. J'ai bien tenté à plusieurs reprises de naviguer avec grand voile/génois mais la vitesse tombe irrémédiablement entre 2 et 2,5 nœuds… Autant dire une éternité pour rallier Porto. Comme d'habitude, la ligne de pêche est à l'eau, sans résultat. Et comme hier, nous zigzaguons entre les bouées signalant casiers ou autres filets.
Nous faisons route de concert avec pile-poil que nous retrouverons pour un apéritif sympathique à Leixoés.

Azadi en approche de Leixoes, vu depuis Pile-poil.
Et à 14h00 nous sommes amarrés dans ce grand port de commerce très actif. Le port de plaisance, dans l'angle NW, est bien abrité et n'est pas très loin de la ville de Porto. Nous nous sommes déjà arrêtés dans cette jolie ville mais nous la visiterons à nouveau avec grand plaisir.
Diminuée par son début de croisière difficile et surtout par sa chute à Camarinas, le matelot rejoindra Lisbonne – et Soizic – en train depuis Porto. Je finirai cette croisière en solo.
Le 1 er septembre, j'attaquais l'antépénultième étape avant Lisbonne par une longue descente jusqu'à Figuera da Foz. 64 milles et 10 heures de navigation avant d'arriver dans ce port que je connais déjà. Rien de nouveau pour cette étape ou j'ai alterné moteur/Grand Voile et voilure à petite vitesse, sous le soleil avec trop peu de vent et toujours la même houle, en naviguant dans la zone des 20 mètres de profondeur.
A l'arrivée, je veux faire le plein de gasoil. Je préviens donc la capitainerie et accoste au ponton carburant, juste devant cette capitainerie.
Ce ponton est très haut et en béton. Je n'arrive pas à passer l'amarre avant et Azadi part en vrac en raison d'un léger courant de travers. Je rattrape la situation et vais à l'avant pour mettre une amarre plus longue. Mais, alors que je pensais être au point mort, j'étais en fait en marche avant, très lente mais marche avant quand même. Concentré sur ma tâche, je ne me rends pas compte qu'Azadi fait un tour sur lui même et vient percuter de face ce foutu ponton en béton… Après inspection, j'en serais quitte pour redresser le davier principal. Je m'en veux de cette bourde qui m'arrive trop souvent lorsque je fais des manœuvres de port… Et de plus, le responsable sort alors de sa capitainerie pour me dire que la station est fermée !!!! Crétin.
Je prendrais du carburant le lendemain matin, non sans mal pour l'accostage, sous l'œil goguenard des 3 marins du bateau pilote qui ne savent pas qu'il est de bon ton d'aider un marin solitaire dans ce genre de situation. Triple crétins !
Le deux septembre donc, étape de Figuera-da-Foz à Peniche -10 heures et 55 milles – toujours dans les mêmes conditions, belle houle, 10 à 20 cms de vague et vent dans le nez.
j'ai hésité un moment à aller prendre un mouillage aux îles Berlenga mais, connaissant Peniche, j'ai finalement opté pour la sécurité du port. En arrivant à proximité du cap Carvoeiro, le cap immédiatement avant Peniche, la mer est superbe et vient briser sur ce haut cap. Très impressionnant. Je le contourne largement mais la houle, habituellement bien « rangée » est un peu dans tous les sens. Cela ne dure pas longtemps mais demande de l'attention. Les instructions nautiques mentionnent des mers quelquefois plus agitées en raison du canal de fait existant entre le cap et les Iles Berlenga, distantes de 5 milles environ.

Les iles Berlenga dans la brume solaire. Une île Claire comme un matin de Pâques Offrant l′océane langueur D'une sirène à chaque vague… (J. Brel)
Une fois bien élargi le cap, je file droit sur l'entrée du port, la houle de nouveau régulière poussant Azadi dans de beaux surfs. Je mettrai quelques instants le moteur à 2500 t/mn pour m'offrir quelques belles accélérations au dessus de 10 nœuds. Ivresse de la vitesse, encore et toujours !
Je prendrai une bouée derrière la jetée Est pour une nuit bien tranquille.

Cap Carveiro, avant Peniche.


" data-medium-file="https://i0.wp.com/azadi1090.fr/wp-content/uploads/2025/10/2025-arrivee-sur-Peniche-29-scaled.jpg?fit=300%2C104&ssl=1" data-large-file="https://i0.wp.com/azadi1090.fr/wp-content/uploads/2025/10/2025-arrivee-sur-Peniche-29-scaled.jpg?fit=1024%2C355&ssl=1" class="wp-image-11566 size-full" src="https://azadi1090.fr/wp-content/uploads/2025/10/2025-arrivee-sur-Peniche-29-scaled.jpg" alt="" width="2560" height="888" /> Port de Peniche, la nuit;
3 septembre dernière ligne droite qui me mènera au mouillage de Seixal. 11 heures et 64 milles depuis Peniche pour cette dernière journée de navigation tranquille. J'ai cru un instant avoir attrapé un beau poisson, la ligne s'est déroulée rapidement et lorsque j'ai bloqué le tambour du moulinet, la canne s'est brutalement pliée avant que le fil ne rompe. Sans doute, le leurre avait-il accroché un des nombreux casiers croisés tout au long de la journée. Caramba…. encore raté !

Partage des eaux Océan Atlantique (bleu)/ Tage (vert)
Très spectaculaire aussi, le partage des eaux entre le Tage et l'océan un peu avant Cascais.
Sur la rive sud du Tage, Seixal offre un abri très sûr ainsi que la possibilité de laisser le bateau sur une bouée pour le mois à venir. En arrivant à Lisbonne, je ne sais d'ailleurs plus vraiment quelle suite donner à ce voyage : Continuer sur Madère et les Canaries puis les Antilles ? Aller seulement à Madère et laisser le bateau pour l'hiver où rester à Lisbonne et reprendre la navigation en avril…
Je vais prendre le temps de réfléchir avec Brigitte pour qui la croisière depuis La Rochelle n'a pas vraiment été de tout repos. Tranquille du coté d'Azadi à l'abri sur sa bouée de Seixal, je vais profiter de ce mois à Lisbonne. Ma fille, Soizic, enverra quantité de messages aux ports et chantiers proches de Lisbonne pour finalement trouver une place pour l'hiver aux chantiers Estaleiro Talaminho d'Amora, à 10 minutes de Seixal.
Mon copain Stéphane, avec Archimède IV, avec qui nous envisagions de traverser a lui aussi pris du retard dans sa préparation en raison de la casse de son moteur fin mai. Une fois le moteur changé et après une belle navigation côtière depuis Soubise, il laissera son bateau à Povoa de Varzim pour l'hiver. Suite de l'aventure en 2026.

j'arrive …

Repos mérité après presque 1000 milles depuis La Roche Bernard.
Le 3 septembre donc, en milieu d'après midi, j'arriverai à Seixal. Brigitte et Soizic sont sur le ponton. Je ne les vois pas malgré leurs grands signes et appels répétés. Elles m'appellent sitôt Azadi attaché à une bouée. Je les rejoindrai en annexe. Nous prendrons une petite bière au café du coin – sympathique et qui affiche clairement ses couleurs – puis un diner au resto et dernière nuit à bord. Elles reviendront me chercher le lendemain matin.
Au final, Azadi aura parcouru 978 milles nautiques.
Bien que nous ayons déjà passé quelques temps à Lisbonne, il nous reste de belles choses à y découvrir.
Avec Soizic nous irons visiter le Musée des Azuléjos qu'on ne peut décemment pas ignorer tant ces fameuses « azuléjos » sont omniprésents dans la vie portugaise, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des maisons et bien évidemment dans nombre de leurs monuments.

Ci dessus, la grande fresque de 25 mètres de long qui représente le panorama de Lisbonne avant le séisme de 1755. Pas moins de 1 300 carreaux la compose.
Autre visite que nous ferons avec Soizic, Fatima.
La minute cultuelle.
Fátima, célèbre grâce au sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, construit pour commémorer les apparitions en 1917 de la vierge Marie à trois jeunes bergers, attire des croyants du monde entier. Les pèlerins se rassemblent sur la Cova, une gigantesque esplanade sur laquelle fut construite une petite chapelle où la Vierge est apparue aux jeunes bergers.
De l'autre côté de l'esplanade s'élève l'imposante basilique de Notre-Dame du Rosaire, de style néo-classique, avec une tour centrale de 65 mètres de haut, sa construction débuta le . Elle est pourvue de colonnades qui la relient aux couvents et aux bâtiments hospitaliers. Dans la basilique on peut voir les tombes des trois bergers.
Lors de notre passage, un mariage y était célébré. Un très joli écrin pour cette cérémonie.
Ce site est réellement impressionnant par ses dimensions. A notre arrivée, une messe rassemblant des milliers de fidèles était célébrée dans l'église moderne qui jouxte la Cova. Non loin, des pèlerins cheminaient à genoux sur le sentier dédié…. Certains avaient des protections au niveau des genoux, d'autres non. Des abruties – je suis poli – faisaient des selfies à genoux sur ce passage, gênant même les vrais croyants. La stupidité n'a pas de borne… M'enfin, j'ose croire que ces tristes personnes ne l'emporteront pas au paradis.
Cette place, quasiment vide lors de notre visite, doit être très impressionnante lorsqu'elle est pleine de fidèles à l'occasion des grandes fêtes religieuses. Près de 6 millions de personnes visitent Fatima chaque année.
Bien évidemment, nous avons profité de la belle ville de Lisbonne.
Et pour finir, Azadi sortira de l'eau le 03 octobre. Le chantier dispose d'une grue-portique, une première pour moi. Tout se passera pour le mieux et Azadi se trouve bien calé, à l'abri pour les six mois à venir. Ma fille Soizic passera de temps en temps pour recharger les déshumidificateurs, mettre un petit coup de chauffage et s'assurer que tout va bien.
La suite en 2026, mais cela est une autre histoite.
octobre
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