Qui dit bateau, mer, soleil pense aussitôt… minettes.

Et c’est effectivement le cas sur Azadi puisque quasiment depuis le début, j’embarque mes minettes avec moi.

En fait, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu autour de moi des petites minettes ou des gros matous. Et je n’ai pas envie que cela change.

Début 2013, j’ai perdu mon vieux matou, Pompom (prononcer Pomme-Pomme !), âgé de 18 ans ainsi que Chippy, jeune chat d’un an victime d’une maladie pulmonaire. La maison était bien vide mais je venais d’acheter Azadi et je n’imaginais pas emmener des chats en navigation.

Mais, lors d’une escale à Port-Joinville (île d’Yeu) courant juillet, il y avait deux chattes sur le bateau amarré derrière nous. L’une, âgée et bien enrobée, était en laisse et ne quittait pas le bord tandis que la seconde, plus jeune, s’enhardissait sur les pontons. Et, selon leurs maîtres, cela ne posait aucun problème en navigation.

Il n’en fallait pas plus pour me décider et, dès la semaine suivante, j’adoptais mes deux chipies, Pom’ et Vanille.

Une petite annonce sur Leboncoin proposait des chatons à l’adoption dont deux jolies femelles tricolores, ce que je recherchais. Avec Yannis, nous sommes allés les voir et avons, bien sûr, craqué. Le choix était bien difficile et nous avons choisi Vanille. Mais après 5 minutes sur la route du retour, nous avons rappelé les donateurs et sommes retournés chercher Pom’ afin de ne pas les séparer. j’espère qu’elle ne lira jamais ces lignes, elle pourrait m’en vouloir…😉

Et, dès le 15 août, ces deux « moussaillons » passaient leurs premiers jours en mer.

Depuis, j’ai pris l’habitude de les emmener avec moi chaque fois que possible, où que j’aille, en voiture, en train, en bateau ou en avion. Pom’ a même fait du scooter à Karystos, posée sur mon épaule. Des minettes tout-terrain !

Souvent, lors de nos promenades en ville, nous emmenons l’une ou l’autre des deux chattes. Juchée sur mon épaule, elles observent alors ce qui se passe sans plus de crainte. Hors de la ville, elles gambadent à nos côtés et, si la balade dure trop longtemps, rejoignent alors mon épaule, mes bras ou ceux de Brigitte.

Lorsque je me promène avec une minette sur l’épaule, elle attire l’attention. Si j’avais reçu un euro chaque fois qu’elles ont été prises en photo, j’aurais pu investir dans un super-yacht … au moins !!!!

Elles attirent l’attention des enfants bien sûr mais aussi – souvent – de « minettes » plus ou moins âgées (plutôt plus ...) qui tiennent absolument à les caresser.

C’est ainsi que nous avons fait, à Poros, la connaissance d’Adda. Je passais devant son glacier, Pom’ sur mon épaule, lorsqu’elle est venue nous trouver. Dans sa jeunesse, son mari, Armando, vivait à paris et se déplaçait avec son chat sur une épaule. Le début d’une amitié…. merci Pom’, bises Adda.

Adda et le capitaine, Poros 2020

Il nous est même arrivé plusieurs fois d’aller au restaurant avec l’une ou l’autre. Vanille était plus tranquille que sa sœur dans cet exercice. Ainsi, j’ai souvenir d’elle, à Procida, dans un restaurant situé sur le port. Vanille était tranquillement installée sur sa chaise alors que quelques mètres derrière elle, allaient et venaient des chats et des mouettes. Un couple de français s’était même déplacé pour nous demander comment nous avions pu la dresser si bien. Nous ne l’avions pas dressé, elle aimait juste être avec nous. D’ailleurs, lorsque je quittai le bord, au port, je devais fréquemment m’en retourner pour la ramener au bateau. Elle me suivais, s’arrêtait lorsque je m’arrêtai puis finalement se résignait et s’en retournait sur le bateau… à moins que je ne craque et la pose sur mon épaule.

C’est ainsi que Pom’ à littéralement charmé l’hôtesse d’accueil de Zéa Marina à Athènes. Non contente de se coucher sur son clavier, l’empêchant de travailler, elle a fait le tour de la capitainerie, s’invitant sans gêne dans le bureau de la responsable…

Inutile de dire qu’à chaque passage dans cette marina, Pom’ allait lui rendre une petite visite.

Progressivement, elles ont pris leurs marques sur le bateau. Elles se le sont approprié à tel point qu’il est impossible pour un autre chat de monter à bord.

Dans les ports grecs trainent de nombreux chats. Lorsqu’ils approchent d’Azadi, Pom’ monte la garde sur la passerelle quand elle ne les pourchasse pas sur le quai. Et la nuit, nous devons fermer le bateau pour qu’elle ne soit pas tentée de faire la police. Alors, sans doute, les chats viennent faire un tour sur le pont et Pom’ est aux aguets dans la cabine, sans pouvoir intervenir. Pareil à Karystos, sur le chantier naval. Combien de fois ai-je vu des chats sauter du bateau, pourchassés par la gardienne du bord ! Et pas question pour eux de redescendre par l’échelle…

Au port ou au mouillage, elles ont totale liberté d’aller et venir sur le bateau. Et si Pom’ aime bien se percher sur la capote, elle aime beaucoup aussi monter sur la housse de grand-voile. Mais de là à faire sa sieste dans les plis de la grand voile en navigation…. hé bien si, elle nous l’a fait lors de la traversée entre la Corse et l’Italie.

En navigation, par temps calme, elles ne dédaignent pas être à l’extérieur, voire se promener sur le pont. Il est très fréquent  de les retrouver allongées sur les bancs du cockpit, où sur nos genoux lorsque nous occupons la place.

Mais dès que cela remue un peu, changement de décor.

Alors que Vanille descendait dans le carré, Pom’ préfère squatter sous la capote ou se coucher sur un banc du cockpit. Au pire, elle se réfugie au fond du cockpit, au moins jusqu’à ce qu’elle se fasse rincer par une vague. Mais en général, elle est sous la capote, à l’affut du bruit des vagues brisants sur le pont.

Exceptionnellement, je l’ai vu se réfugier à l’intérieur comme lors de cette traversée de Paros à Kythnos en juin 2018 par 30/35  nœuds. Elle s’était alors réfugiée au fond d’un des équipets du carré et n’en avait pas bougé de la journée. Même chose en 2020 lors de l’étape de La Corogne à Port Alumina, une longue navigation pas vraiment confortable.

Pom’ 10 octobre, de La Corogne à Port Alumina.

Lors des navigations nocturnes, Pom’ tient généralement compagnie à l’homme – ou la femme – de quart.  En solitaire, de nuit, je la prends avec moi lorsque je tente de dormir un peu. Si la mer n’est pas trop agitée, elle consent à rester allongée à mes cotés dans le carré. Mais elle ne dort que d’un œil, alarmée au moindre bruit.

Dans les mêmes conditions, Vanille, au contraire, recherchait une présence et se collait volontiers contre le dormeur.

Au mouillage, je m’efforce de les amener à terre afin qu’elles se dégourdissent les pattes. Les minettes font toujours le buzz lorsqu’elles débarquent de l’annexe, que ce soit à la plage ou au port.

Lorsque c’était possible, nous nous promenions en leur laissant le maximum de liberté. Le plus sécurisant au départ était de les attacher entre elles avec un élastique de 2 ou 3 mètres. Ainsi pas de surprise. Elles nous suivaient très facilement et cela donnait parfois lieu a des scènes amusantes.. Progressivement, nous avons pu les laisser se promener sans qu’elles soient reliées entre elles.

Elles portaient toujours un collier avec leur nom, le nom du bateau ainsi que mon numéro de téléphone.

Au port, je suis plus prudent ayant remarqué qu’elles aimaient bien se faufiler sur d’autres bateaux quand ce n’est pas à l’intérieur. A Barcelone, notre voisine de ponton était ainsi venue nous informer que Vanille dormait tranquillement sur son lit…

Elles étaient également coutumières du fait lorsque le bateau était sur bers à Soubise et les voisins de parking avaient pour consigne de s’assurer qu’elles n’étaient pas dans leur bateau avant de le fermer.

Dernièrement, j’ai fait l’acquisition d’un collier GPS pour Pom’ qui me permet de la suivre dès qu’elle met une patte à l’extérieur du bateau. C’est très efficace et Pom’ est toujours surprise lorsque je la débusque, cachée sur un bateau ou au détour d’un ponton.

En navigation, notre plus grande crainte est qu’elles ne passent par dessus bord. Aussi ai-je installé des filets de filière sur Azadi. Cela  nous rassure un peu mais ne nous empêche pas d’avoir un œil sur elles en navigation.

Il y a bien eu quelques chutes à l’eau.

La première en juillet 2014 au ponton à Soubise. Une vedette descendait la Charente à la mauvaise vitesse, générant de  grosses vagues qui sont venues se fracasser sur les pontons. Apeurée, Pom’ qui se trouvait sur un bateau voisin, a sauté sur le ponton et s’est fait emporter par la vague. De longues minutes s’en sont suivies sans qu’on ne la repère. De nombreux plaisanciers étaient sur le ponton avec nous, accourus à mes appels. Finalement l’un d’eux entendit miauler. Pom’ avait été aspirée sous le ponton. Le temps d’attraper un masque, de laisser passer un vraquier qui remontait la Charente et je plongeai sous le ponton. A la deuxième apnée, je repérait ma minette agrippée à des branchages retenues entre les flotteurs du ponton. Pom’ était au 3/4 immergée. A la troisième apnée, j’ai glissé ma tête à sa hauteur, entre les flotteurs du ponton. Accueilli par des miaulements désespérés, j’ai pris le temps de la rassurer, lui ai dit de prendre une bonne goulée d’air et nous avons fait ensemble une petite apnée pour émerger au pied du ponton. Une bonne douche et au calme dans la cabine. Grosse frayeur pour nous et surtout pour elle qui a passé plus de vingt minutes accrochée aux branchages, nous entendant sans doute piétiner au-dessus d’elle. Qu’elle soit « inquiète » lorsqu’elle est sous la capote et que les vagues viennent taper celle-ci n’est pas vraiment surprenant.

Ensuite, ce fut le tour de Vanille de tomber dans l’eau, à Port-Joinville. Ce n’est qu’en rentrant sur le bateau après avoir fait des commissions que nous nous en aperçûmes. Il y avait une flaque d’eau sur un meuble du carré. Vanille avait loupé un saut entre Azadi et le voilier voisin et, par chance, une jeune fille, galloise, l’avait vu tomber. Je n’ai jamais su comment tout cela s’était passé parce qu’entre mon anglais hésitant et le gallois de la jeune fille, il fut compliqué de nous comprendre. M’enfin, elle avait récupéré Vanille et l’avait fait rentrer dans le bateau par un petit hublot ouvert dans le cockpit. Voulant savoir si Vanille nageait bien, j’ai surtout compris qu’elle miaulait très fort !!!

C’est sans doute de ce moment là que date mon envie de les voir nager…

Au port de Salerno, en septembre 2017, Pom’ goutera une nouvelle fois aux joies de la baignade. Nous n’étions pas présent et elle a fait cela en toute discrétion, notre voisin de ponton qui entretenait le moteur de sa vedette n’ayant rien remarqué. Mais son état à notre retour la trahissait. Comment est-elle tombée, comment est-elle remontée à bord, mystère ?

On pourrait imaginer que vivant sur un bateau, les minettes se gavent de poissons. Ce n’est pas vraiment le cas, le capitaine n’étant pas doué en la matière. Hormis pendant l’été 2015, au cours duquel les maquereaux sautaient littéralement dans le bateau, elles ne profitent pas de cette proximité. Mais je me souviens que durant cet été 2015, au bout de 3 semaines de régime « maquereau », elles en avaient un peu assez. Pour ma part j’avais abandonné plus tôt, après le maquereau en papillotes,  le maquereau au four, les rillettes de maquereau et encore les papillotes…

Les minettes surveillent la préparation de leur repas, du maquereau !

Bien sûr, comme nous, Pom’ s’est plus que régalé lorsque nous avons péché un joli thon pendant la traversée entre Kéfalonia et Syracuse. Et je suis sûr qu’elle aurait bien continué le régime au delà de 3 jours.

Séance de natation :

J’étais donc curieux de savoir comment nageaient mes greluches. Arrivés en Grèce, je me suis juré de profiter d’un endroit approprié pour tester Pom’.

Ce fut fait à Nisyros. Une petite plage au bout du port, très peu d’eau, du soleil, c’était le moment. C’est ainsi que Pom’ nous a montré qu’elle nageait très bien. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle a apprécié l’exercice mais elle m’a rassuré.

J’ai renouvelé l’essai à Poros. Tenant Pom’ dans les bras, je me suis immergé jusqu’à avoir de l’eau presque jusqu’au cou. Inutile de dire que c’était pareil pour Pom’. Et j’ai attendu, sans que Pom’ ne se débatte. Il a bien fallu cinq minutes pour qu’elle se décide à bouger, comprenant peut-être que si elle voulait rejoindre la terre ferme, elle devait se débrouiller. Lentement, elle m’a repoussé et a nagé sans souci jusqu’à la plage.

Maintenant que j’étais rassuré sur ses qualités de nageuse, j’allais pouvoir l’emmener en paddle.

Je suis quand même conscient de mes limites sur le paddle et je n’essaie pas de me mettre debout quand je suis avec Pom’.  Une fois, dans la baie de Mandraki, à Hydra, Pom’ a essayé de sauter du paddle jusqu’au bateau. Loupé, nouveau bain pour elle puis balade en paddle toute mouillée. A la fin de la promenade, je l’ai mise à l’eau à une dizaine de mètres du bateau et nous avons pu constater qu’elle n’avait aucun problème pour remonter à bord avec l’échelle de bain. Elle est extraordinaire.

Prochaine étape, le brevet de 50 mètres.

Ce texte est écrit un peu à tous les temps. Il ne m’est pas facile d’évoquer Vanille, indissociable lorsque je parle de minettes en bateau. Nous l’avons perdue sur l’île de Vulcano. Je préfère penser qu’elle a choisi de quitter le bord et de se faire adopter par des « terriens ». Lorsqu’elle a disparu, elle avait son collier avec son nom et mon numéro de téléphone. A cette époque de l’année, de nombreux ferries faisaient encore la navette avec la Sicile, déversant leurs flots de touristes pour la journée. Peut-être que l’un deux a décidé qu’elle était trop mignonne et l’a prise avec lui…. peut-être. En tous cas, Mira, qui nous avait aidé à la chercher durant la semaine que nous avions passé sur l’île, est retournée sur la lande avec un ami chasseur et son chien sans rien trouver, ni laisse, ni collier, ni cadavre…. Un autre ami a longé longuement la falaise côté mer sans rien trouver. De toutes façons, si elle était restée sur cette foutue lande, je l’aurai retrouvée. Elle doit vieillir tranquillement et maintenant, sûr qu’elle miaule parfaitement italien.

Vanille