Une fois les enfants repartis au Portugal, nous avons donc fait voile vers l’île de Poros afin de passer un peu de temps avec Adda et Armando. Nous ne les verrons pas beaucoup en fait. Leur fille, Alexandra, est en vacances et, naturellement, ils passent beaucoup de temps avec elle. Nous aurons la joie de les avoir tous les trois à bord pour un long apéritif, l’occasion de faire connaissance avec cette jolie jeune fille qui ressemble beaucoup à sa mère.
Nous en profiterons aussi pour embarquer une quinzaine de litres d’huile d’olive, en provenance direct d’un producteur ami d’Armando.
Après une semaine passée à Poros, le jeudi 6 août en début d’après-midi nous mettons le cap tranquillement sur la France via le canal de Corinthe. Le lendemain, l’île sera isolée, une quarantaine de cas de Covid ayant été détecté.
Première étape prévue, un joli mouillage conseillé par Jean-Mi et Gin au sud-ouest de l’île d’Angistri.
Le site est magnifique, la mer nous offre de jolis dégradés de turquoise et de fait, il y a beaucoup de bateaux au mouillage. Les fonds descendent rapidement et il est nécessaire de porter des amarres à terre. Ce que je ferai, profitant ainsi de la bonne température de l’eau. Nous nous faufilons entre un voilier français et un petit yacht qui n’apprécie pas de nous voir approcher de ses amarres. C’est malheureusement une attitude classique. Les marins qui travaillent sur ces bateaux sont à l’œuvre en permanence autant pour répondre aux demandes des propriétaires, où locataires, que pour briquer le bateau. Et ils n’aiment pas voir les gueux approcher de trop près…
Cette proximité ne durera pas. Le fond est une immense dalle rocheuse qui plonge rapidement et l’ancre n’est que posée sur cette surface. Et son poids ne suffit pas à maintenir Azadi qui se rapproche lentement mais surement de la côte. Nous lèverons donc l’ancre et passerons la nuit au milieu de Nisoi Dhiaporoi, groupe d’îles désertes proches du canal de Corinthe. Dans une baie de l’île d’Ay Thomas, nous sommes presque seuls au monde. La baie toute proche sur l’île Ay Ioannis est occupée par des vastes bassins de poissons d’élevage. Un bateau de pêche viendra effectivement passer la nuit près de nous.
Le lendemain, à 09h00 nous pointons l’étrave d’Azadi en direction du canal de Corinthe que nous atteignons vers 11h00. Nous nous amarrons et les formalités sont vites effectuées. Le passage payant coûte 160 euros pour Azadi. Un pont piéton, qui s’enfonce au fond du canal pour laisser passer les bateaux, en interdit l’accès.
Nous aurions pu refaire le tour du Péloponnèse – plus ou moins 300 milles – mais cela nous aurait pris environ une semaine et nous n’aurions pas eu le plaisir de franchir cet impressionnant ouvrage, le canal de Corinthe, voie navigable de 6 kilomètres de long qui relie la mer Égée à la mer Ionienne.
Après une quarantaine de minutes de navigation entre deux parois et entre les deux mers, nous allons nous amarrer pour la nuit dans le port de Corinthe, la ville toute proche.
Située à quelques kilomètres de la Grèce continentale et mondialement célèbre pour son canal homonyme, Corinthe – Kórinthos en grec ancien et en grec moderne – fût sous l’Antiquité, la troisième cité la plus influente de Grèce antique après Athènes et Sparte. Elle était érigée dans l’intérieur des terres au pied de son acropole, l’Acrocorinthe, qui abritait le célèbre temple d’Aphrodite,. La ville fut reconstruite au 19ème siècle à son emplacement actuel, après le séisme dévastateur de 1858. La ville moderne n’offre que peu d’attraits. C’est aujourd’hui une ville moderne, parfaitement quelconque, quadrillée de rues perpendiculaires sans vraiment de charme. Un grand parc, en travaux, embellira le centre-ville au sortir des rues piétonnes qui débouchent sur le port. Dans ces rues, que des boutiques « classiques », magasins de chaussures, de vêtements, bijouteries, rien de particulier ni de typique. Et je cherche encore les fameux raisins… Nous n’y passerons qu’une nuit, tranquille pour moi, plus agitée pour Brigitte qui se lèvera plusieurs fois pour faire la police ! Un joli chat noir voulait a tout prix monter sur le bateau, ce qui ne plaisait pas à Pom’ !
Nous naviguons maintenant en mer Ionienne, dans le golfe de Corinthe. Nous prévoyons de rallier l’île de Kéfalonia en plusieurs étapes avant de traverser en direction de la Sicile. Cap tout d’abord sur le port de Galaxidhi, niché au fond d’une anse étroite.
Dès 8h00, nous sommes en mer pour rallier l’autre rive du golfe de Corinthe. Le vent contraire nous obligera a tirer de grand bords avant finalement de mettre au moteur en début d’après-midi sous peine d’arriver a destination au milieu de la nuit. Nous arriverons finalement en vue de Galaxidhi sur une mer quasiment d’huile quant un orage lointain accompagné de violentes rafales rafales nous obligea à ferler précipitamment la grand-voile qui était encore à poste…
Galaxidhi, joli petit port niché au fond d’un ria étroit nous rappelait un peu Symi et ses jolies maisons colorées. L’amarrage fut rendu un peu compliqué par la grâce d’un italien – nombreux dans ce port – qui tenait autant à nous aider qu’à protéger ses amarres…
Nous y passerons une soirée tranquille, nous promenant au long de ses ruelles pavées bordées de jolies demeures. Bien protégé, ce petit port était naguère un florissant port de commerce et la ville en conserve une certaine richesse.
La pluie s’invitait au milieu de la nuit obligeant tous les plaisanciers à s’affairer pour fermer les hublots et s’assurer que les ancres remplissaient toujours leurs bons offices.
Puis nous prenons la direction du port de Trizonia, une petite navigation d’une vingtaine de milles. Nous jetterons l’ancre à l’extérieur du port en début d’après midi, juste à temps pour que je puisse regarder le Grand Prix moto de République Tchèque sur le circuit de Brno – première victoire d’une KTM avec le sud-africain Brad Binder et une jolie troisième place pour notre Zarco national, auteur par ailleurs de la pôle position. Contraste étonnant de ces bolides lancés à plus de 300 km/h qui me font toujours vibrer et mon quotidien sur Azadi qui croise à la vitesse stratosphérique de …. 10 km/h.
Après cet intermède motard, nous irons nous promener à terre. Trizonia est une petite île verdoyante toute proche de la côte. C’est la seule île habitée du golfe de Corinthe et aucun véhicule motorisé n’y circule. Il n’y a que trois tavernes le long du port.
Après un détour par la massive église Saint Georges cachée dans les pins à l’extrémité ouest du port, respectant à la lettre les « instructions nautiques », nous irons y boire un ouzo. A nos côtés, un couple âgé était accompagné d’un superbe gris du Gabon. Dommage que nous n’ayons pas amené Pom’, elle aurait été intéressée par ce bel oiseau.
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Après cette halte reposante, il est temps de rallier le minuscule port de Nafpaktos. C’est chose faite après deux heures et demi de navigation tranquille. Le port est tout petit. Je glisse Azadi à l’intérieur de ses murailles, fait un tout petit tour et ressort jeter l’ancre à l’extérieur. Il y avait déjà … deux voiliers et des barques de pêche. J’ai vu des photos de voiliers amarrés tout de suite à bâbord en entrant mais le quai est débordé de roches sous-marines et je n’avais pas envie de l’amarrer étrave au quai. Pas grave, la météo est clémente, nous serons bien au mouillage.
Comme beaucoup de sites grecs, Nafpaktos est un lieu chargé d’histoire. Comment imaginer que devant ce petit port se déroula la bataille de Lépante qui verra, le 7 octobre 1571, la flotte turque anéantie par les galères espagnoles et vénitiennes (voir ici).
Après une première balade dans le bas de la ville, je laisserai Brigitte à la terrasse d’un café pour monter
Au sortir de ce joli port médiéval, nous continuons notre navigation vers l’ouest. En passant sous le majestueux pont suspendu Rion-Andirrion, nous quittons le golfe de Corinthe pour entrer dans le golfe de Patras. Notre route nous amène au port de Mésolongi. L’approche se fait par un long canal au milieu de la lagune, bordé de maisons de pêcheurs. Les bassins de la marina, très moderne, sont à moitié vides alors que de nombreux bateaux sont déjà sortis de l’eau pour passer l’hiver au sec.
Dernière étape grecque, nous rallions ensuite le port d’Argostoli sur l’île de Kéfalonia, que nous atteindrons vers 17 h00.
Alors que nous longions l’île, non loin du petit port de Pélagia, une planche de chasse sous-marine se présente devant l’étrave d’Azadi. Elle est juste sur notre route. Je m’en écarte un peu et surveille les environs. Nous sommes à plus d’un mille de la côte sur la ligne des 20 mètres de profondeur, il y a des vagues et le vent souffle gentiment. Le plongeur apparait enfin. Debout sur le plat-bord, je lui demande si tout va bien par le signe convenu entre plongeurs. Il me répond par l’affirmative et je réintègre alors le cockpit…. réalisant alors que j’étais absolument nu comme cela m’arrive parfois lorsque le temps le permet. Pas grave, j’étais un peu surpris de croiser un plongeur si loin de la côte et je n’ai pas prêté attention à ce détail vestimentaire.
Un peu après, alors qu’il nous reste quatre milles a parcourir, le moteur s’arrête subitement. Nous ne sommes pas loin de la côte et le vent presque nul nous y pousse tranquillement. Je m’aperçois tout de suite du problème, une bête panne de gasoil !!!!! Nous jetons l’ancre immédiatement, le temps de transvaser 20 litres de précieux liquide dans le réservoir. Durant l’opération, un voilier se détourne et s’assure que nous n’avons pas de gros problème. Une petite purge et le moteur repart sans se faire prier.
Et pour finir, une fois amarré, le préposé au port viendra – mais un peu tard – nous demander de changer de place. Pas grave, nous adooooorons faire des manœuvres dans le port.
Nous resterons deux nuits dans le port d’Argostoli, nous promenant dans ses rues animées et profitant de cette dernière escale grecque pour savourer une fois encore une …. giros pita.
Le vendredi 14 août, dès 08h00, nous larguons les amarres cap sur Syracuse. Devant l’étrave 290 milles à courir. Mais ceci est une autre histoire !
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