Lindos, Rhodes, son colosse, sa cité médiévale, ses chevaliers de Saint-Jean et Constantina…

Les murailles de Rhodes

Après Karpathos, nous dirigerons notre étrave vers l’île de Rhodes, la plus septentrionale des îles grecques. Une première journée de mer nous amènera dans la baie de Lindos où nous tournicoterons un bon moment avant de jeter l’ancre (cf image TimeZéro)

 

A une vingtaine de milles au sud de la ville de Rhodes, le village tout blanc de Lindos est abrité de la mer et dominé par l’acropole, sanctuaire d’Athéna Lidia au sein de l’énorme rocher-château fortifié par les Chevaliers. Nous y passerons deux nuits tranquilles, profitant de la journée pour déambuler dans les ruelles de la ville et admirer le panorama du pied du château.

Azadi au mouillage dans la baie de Lindos

Après Lindos, cap sur la pointe nord-est de l’île et la ville principale, la Cité médiévale de Rhodes, un monument du Patrimoine mondial, inscrit sur la liste de l’Unesco. C’est la cité fortifiée la plus grande et la mieux préservée d’Europe, qui compte de nombreux monuments hellénistiques, byzantins, médiévaux et ottomans. Entourée d’une splendide enceinte médiévale percée de sept portes majestueuses, elle abrite le plus important centre médiéval encore habité d’Europe. Il ne manque que le fameux Colosse qui protégeait l’entrée du port de Mandraki et sous lequel passaient les galères de l’époque.

Entrée du port de Mandraki, ou se trouvait (peut-être) le colosse…

Déambuler dans cette cité dont chaque pierre porte l’histoire de 2.400 ans fut un vrai bonheur. En ce début mai, les touristes sont bien présents mais en nombre encore « raisonnable« , ce qui nous permet d’apprécier pleinement la ville. Bien sûr, la ville est envahie par les magasins de souvenirs, bijouteries et restaurants en tous genres mais il suffit parfois de tourner à un coin de rue pour se perdre dans un labyrinthe de ruelles pavées au charme irrésistible.

La minute historique.

A quelques encablures des côtes de la Turquie (18km au nord) Rhodes occupe une place stratégique en méditerranée et à toujours été très disputée. Conquise par les Phéniciens, les Minoéns venus de Crète, les Doriens et les Romains, Rhodes devient ensuite la capitale des territoires insulaires byzantins avant d’être cédée aux génois puis à l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean après qu’ils ont été expulsés de Terre-Sainte en 1309. Le sultan ottoman Soliman le Magnifique les chasse ensuite et l’île vit une période sombre de domination turque pendant près de quatre siècles (1523-1912) avant d’être occupée par les italiens. Ce n’est qu’en 1949, que l’île fut rattachée à la Grèce.

Le palais du Grand Maître et la Rue des Chevaliers.
La rue la plus célèbre de la vieille ville de Rhodes est la rue des Chevaliers, restaurée sous la forme qu’elle avait pendant la période médiévale, pavée de galets en « langue de chat ». Au sommet de la rue, l’imposant « Castello », le palais du Grand Maître avec ses immenses tours domine la ville et le port de sa masse imposante.

 

Un peu à l’écart de la rue des Chevaliers se dresse l’auberge d’Auvergne que nous ne pouvions manquer . Nous y déjeunerons de succulentes charcuteries auvergnates ainsi que d’un aligot de bonne facture…..Non, je blague, nous y déjeunerons grec….. l’Aligot par 30° à l’ombre,  non merci !

Que vient faire l’Auvergne dans cette histoire ? En fait, les Chevaliers de Saint Jean, chassés de Palestine à la fin du 13ième siècle s’installèrent d’abord à Chypre puis sur l’île de Rhodes au début du 14ième siècle, prenant alors le qualificatif de « Chevaliers de Rhodes ». Au fil des ans, les chevaliers prospèrent et consolident leur pouvoir, bâtissant moult forteresses pour se protéger des invasions turques et pirates. Ils resteront maîtres de l’île jusqu’au 22 décembre 1522, vaincus par une énième invasion ottomane menée par le sultan Soliman le Magnifique. Tous les chevaliers de l’Ordre ne parlant pas le latin, l’ordre reconnaissait l’existence de trois groupes portant le nom de « langues », dites « vénérables » du fait de leur ancienneté : langue de Provence, d’Auvergne et de France. En 1301, 4 nouveaux groupes sont créés : les langues d’Italie, d’Aragon (Espagnols et Portugais), d’Angleterre et d’Allemagne (Allemands, Polonais et d’origine Slaves). Chaque langue dispose d’une « auberge » que les frères d’une même langue partagent pour les réunions, les repas en commun et aussi l’hébergement. Chaque « langue » a également la responsabilité d’une portion des murailles de la ville  à défendre en cas d’attaque. (Plus d’informations ici )

La ville de Rhodes est truffée de statues anciennes, ses murs couverts de blasons de marbre, ses places agrémentées de fontaines, ses rues magnifiquement restaurées, ses bâtiments imposants, ses mosquées ou encore la Tour de l’Horloge avec sa vue splendide, constituent l’héritage des civilisations qui s’y sont développées.

Mais la ville est aussi envahie par les restaurants, les tavernes, les boutiques de souvenirs et un nombre impressionnant de bijouteries. C’est dans l’une d’elle que nous ferons la connaissance de Constantina. Entrés par curiosité, nous y serons abordés par cette charmante jeune femme parlant merveilleusement bien français, suite à ses études littéraires. Butant sur un mot, une signification, Constantina nous éblouira en recherchant les racines du mot en question, nous expliquant parfois des mots de notre propre langue… Trop forte, Constantina ! Nous resterons presque deux heures à discuter de tout et de rien et prendrons l’habitude de venir la saluer chaque jour. Avant la fin de notre séjour, nous chinerons dans sa bijouterie quelques petits cadeaux à ramener en France. De très bons moments passés à échanger sur la vie quotidienne en Grèce et en France, les difficultés actuelles du peuple Grec ou encore les désillusions suscitées par la politique d’Alexis Tsipras. Une très belle rencontre avec cette jeune femme sur-diplômée pour l’emploi qu’elle occupe, maîtrisant le français, l’anglais, l’espagnol et se « débrouillant » en allemand ou en russe….rien que cela ! Nous continuerons d’échanger avec elle en attendant de retourner à Rhodes, grande île qui nous réserve encore bien de belles choses à découvrir. A bientôt donc.

Avec Constantina (Rhodes)

Nous ne pouvons pas finir cet article sans mentionner les innombrables matous rencontrés au fil de nos promenades…