Ecran Time Zéro de Kéfalonia à Syracuse

Les mouillages d’Azadi tout autour de la Sicile.

Nous avons donc quitté Argostoli le vendredi matin avec 290 milles à courir, soit une arrivée à Syracuse dans la journée de Dimanche.

Le vent favorable nous permet de tracer une route, certes un peu trop nord, mais à la voile.

La première matinée se passe tranquillement avec une belle surprise puisque la ligne de pêche se tend brusquement, ce qui arrive trop rarement. Aussitôt, nous arrêtons le bateau et je commence à ramener la ligne. Apparait alors un magnifique petit thon blanc, ou germon. J’essaie de le glisser dans mon épuisette mais cette dernière est trop petite et, pire, le thon me l’arrache des mains et je la vois couler lentement. Je finis par ramener le poisson dans le cockpit à l’aide d’un grand crochet. Pom’ est très intéressée même si notre prise est aussi grande qu’elle. Ce thon mesure 66 centimètres pour un poids approximatif de 5 kilos.

La satisfaction d’attraper ce beau poisson est tempérée par le (petit) malaise de tuer ce bel animal. Je l’ai malheureusement gravement blessé en le sortant avec le crochet. Sinon, peut-être l’aurions-nous remis à l’eau tellement il était beau dans l’eau avec ses grandes nageoires déployées. Peut-être…

Belle bête…

Mais puisqu’il est à bord, je le prépare du mieux possible de façon à n’en rien gâcher. Pom’ mangera de belles portions de thon pendant 3 jours. Nous lui rendrons hommage (!) en le dégustant jusqu’à la dernière miette.

Dimanche 16 août à 09h00 nous jetterons l’ancre dans la grande baie de Syracuse, au milieu de nombreux autres voiliers, près du port et de la vieille ville, après 50 heures de navigation.

Nous retrouvons avec plaisir la Sicile que nous n’avions fait qu’effleurer lors du voyage aller en 2017. Cette année-là, nous avions juste visité Taormina et fait une escapade sur l’ETNA avant de mettre le cap sur la Grèce. Nous étions alors mi-octobre et nous venions de perdre Vanille sur l’ile de Vulcano, ce qui ne nous donnait pas un moral d’enfer. Nous étions aussi bien avancé dans la saison et il nous tardait un peu d’atteindre notre port d’attache grec.

Syracuse en arrivant de la mer. Au premier plan, à gauche, la citadelle du Château Maniace.

 

Syracuse, donc. Etape logique après Corinthe puisque cette ville fut fondée au 8eme siècle avant notre ère par des colons grecs venant de Corinthe. Depuis 2005, son centre historique, l’île d’Ortygie, fait partie du patrimoine mondial de l’humanité établi par l’Unesco. Nous ne visiterons d‘ailleurs que la cette partie de la ville, ses vieilles rues, sa cathédrale de la Nativité de la Sainte Vierge, piazza Duomo et un joli palais, le Palazzo Borgia del Casale.

Dès l’antiquité, l’île fut considérée comme un endroit favorable à l’implantation, étant donné la présence de sources comme la Fontaine d’Aréthuse. Dans cette fontaine, située à peu de mètres de la mer, pousse spontanément le papyrus, que l’on trouve seulement à Ortygie et Fiumefreddo, près de Catane.

 

Fontaine d’Aréthuse (photo internet)

En continuant vers le cœur de l’île, on arrive à la Piazza Duomo et sa cathédrale, entourée de belles demeures bâties en pierres claires. L’ensemble est magnifié par le dallage blanc pavé.

Ce que nous préférons sans doute dans toute visite, c’est de flâner dans les ruelles, nous attarder dans les petits magasins et découvrir les marchés aux mille et une saveurs et couleurs. Dans n’importe quelle ville, les marchés sont des étapes incontournables pour savourer pleinement l’atmosphère typique du lieu.

Avant de renter sur le bateau, nous visiterons le Palazzo Borgia qui est l’un des plus beaux bâtiments d’Ortigia. Notre curiosité avait été piquée par les somptueuses robes que nous apercevions à travers ses fenêtres ouvertes. Une très belle visite, conclue par un petit verre de vin blanc pétillant, un Mandrarossa brut.

Et pour finir, un petit restaurant et le dessert local, le cannoli sicilien.

Pour notre retour sur Azadi, un petit clapot s’est levé dans la baie et nous serons « humides » à l’arrivée. Le voisin de mouillage me hélera pour me signaler qu’Azadi avait un peu dérapé sur son ancre. Je vérifierai les alignements, mouillerai 10 mètres de chaine supplémentaires et tout rentrera dans l’ordre.

L’Etna vu du port de Catane.

 

Après Syracuse, cap sur Catane. Les guides touristiques font état, entre autre, d’un marché aux poissons qu’il ne faut louper sous aucun prétexte.

Le port est immense, sale et il n’y a, selon les instructions nautiques ni toilettes ni douches, ce qui n’empêche pas l’ormeggiatori de service de nous annoncer crânement 70 euros pour la nuit… Nous jetterons l’ancre juste à l’entrée du port, près d’une grande plage. Nous serons seuls, les quelques bateaux présents à notre arrivée regagnant le port avant la nuit. Le temps est calme et nous passerons une excellente nuit.

Habitués que nous étions aux tarifs des ports grecs, en moyenne 10 euros/nuit, hormis les marinas telle celle d’Athènes, le tarif de Catane nous rappelle douloureusement le quotidien des plaisanciers italiens, espagnols où français. Et ce n’est pas fini !

Nous débarquerons dans la port avec l’annexe et irons nous promener dans la ville, en commençant par le fameux marché. Il y a effectivement de beaux étals, de beaux poissons mais nous sommes quand même un peu déçus.

Nous ne pouvions pas manquer dès le début de cette promenade la Fontaine de l’éléphant, monument situé au centre de la Piazza del Duomo. Son élément principal est une statue de basalte, qui représente un éléphant noir surmontée par un obélisque en pierre, le tout placé sur une base en marbre blanc au centre d’une cuve, elle aussi réalisée en marbre communément appelé u Liotru que l’on retrouve sur l’emblème de la ville en Sicile

Continuant notre promenade,  nous flânerons devant la Cathédrale Sant’Agata, la basilique collégiale de Sainte Marie l’Aumône situé sur la Via Etna.

La Via Etna est l’une des rues commerçantes les plus fréquentées de la ville. Elle a été récemment refaite avec des pavés taillés dans la lave de l’Etna. Nous nous arrêterons dans l’un des cafés qui bordent cette avenue et, si les pâtisseries dégustées étaient excellentes, nous avons eu la désagréable impression d’être totalement transparent pour la noria de serveurs qui officiaient.

 

La cathédrale de Sant’Agata

Nos pas nous amènerons jusqu’à un grand marché cosmopolite où se mêlent viandes, poissons, fruits  et légumes, vêtements et bazar en tout genre. Et parmi les légumes, nous sommes tombés sur des « trucs » immenses et inconnus pour nous : des zucchini, impressionnantes courges pouvant atteindre 1,6 mètre.

Finalement, la visite, même brève, de Catane se sera révélée agréable. Mais il est temps de continuer notre chemin et le 19 août à midi, nous levons l’ancre pour une navigation de 25 milles jusqu’à Taormina. A 17h00, nous serons tranquillement ancrés dans la baie sous Taormina, retrouvant notre mouillage d’octobre 2017.

Au mouillage sous Taormina.

Nous n’y passerons que la soirée, remontant quand même à Taormina, l’occasion de faire quelques emplettes et un bon petit restaurant.

Après cette petite halte, Azadi va mettre le cap sur Vulcano, escale à coup sûr pleine de nostalgie puisque nous allons revenir sur l’île où nous avons perdu Vanille.

Mais avant de retrouver Vulcano, il nous faut passer le terrrrrible détroit de Messine, théâtre de tant de naufrages… Nous partons de Taormina vers 10 heures du matin afin de profiter d’un courant favorable.

La minute navigation : Le détroit de Messine est soumis à de forts courants de marées directement liés aux marées de Gibraltar.et il est impératif d’en tenir compte afin de le passer dans de bonnes conditions. A partir des heures de marées de Gibraltar, suivant les instructions nautiques, nous avons donc calculé une heure de départ adéquate afin de bénéficier d’un courant Sud-Nord. 

Un petit extrait des indications données par Rod Heikel dans le guide de navigation (Italie de San Remo à Brindisi, Sicile et Malte aux Editions Loisirs Nautiques)
« … Par conditions normales le courant portant au nord commence environ 1h45 avant la marée haute à Gibraltar. Le courant portant au sud commence 4h30 après la marée haute à Gibraltar. (Indications
concernant les courants à Punta Pezzo) Les courants de marée dans le détroit sont provoqués par la
différence entre les heures de marée haute et basse dans la mer Tyrrhénienne et la mer Ionienne de sorte que chaque jour « lunaire » se créent deux fois par jour une pente maximum vers le sud et deux fois par jour une pente maximum vers le nord. Des forts vents peuvent réduire ou allonger le temps des courants de marée selon qu’ils sont dirigés en sens contraire ou dans le sens du courant. Le courant portant au Nord est nommé localement « Montante » et celui portant au sud « Scandente ».
Suivent des précisions concernant les différences de densité et de température entre les mers Tyrrhénienne et Ionienne qui expliqueraient, associés à la configuration sous-marine du détroit, la formation de mascarets (Tagli) remous et tourbillons (bastardi ou refoli) dont les localisations sont précisés en fonction du sens du courant.

Pour commencer notre navigation, les vagues sont orientées nord-sud et nous obligent à faire une route  plus nord-est que je ne l’aurais voulu. Ainsi, nous avons une meilleure vitesse et le bateau passe mieux dans la mer mais nous allongeons notre route. Progressivement, le vent tombera et la mer se calmera nous permettant de nous recaler sur une route plus directe. A l’approche de Messine, les nombreux ferries nous obligent à une veille attentive et nous apercevons également, du coté sicilien de drôles d’embarcations au bout-dehors démesuré, des bateaux dédiés à la pêche à l’espadon.

Chaque année, entre le mois de mai et le mois d’août, les espadons de la Méditerranée traversent le Détroit de Messine qui, pour eux, est une des principales zones de ponte. De plus, l’espadon a la mauvaise habitude – pour lui – de dormir en surface, ou du moins de se déplacer lentement. Les pêcheurs utilisent donc ces embarcations disposant d’un très haut mat au sommet duquel se juchent jusqu’à trois marins sur une plate forme de surveillance d’où ils peuvent piloter le bateau.

Les bateaux de pêche à l’espadon disposent d’un immense bout-dehors à l’avant, plus long que le bateau lui-même, où est installé le harponneur.

photo « empruntée » au site du voilier Belissa où l’on voit distinctement les différentes structures.

Ayons l’œil, Charybde et Scylla nous attendent peut-être ?

Nou apercevrons bien un ou deux tourbillons et quelquefois la surface de l’eau sera d’aspect différent, très visible depuis le pont, totalement lisse sur de grandes zones et couverte de petites vagues sur d’autres, les « frontières » entre les différentes zones étant très clairement marquées. Impressionnant.

Au sortir de Messine, un grand bord nous amènera jusqu’à Vulcano que nous atteindrons à la nuit tombée, profitant d’un magnifique coucher de soleil. Avant cela, les dernières lueurs du jour nous avaient offert sur bâbord une vue somptueuse sur l’Etna, empanaché de fumées, dominant les sommets avoisinants et sur tribord, tout aussi empanaché, solitaire, le Stromboli.

En arrière plan, l’Etna.

Le Stromboli.

En octobre 2017, il n’y avait pas foule au mouillage mais c’est bien différent en ce 20 août. Je   trouve néanmoins une petite place et nous jetons l’ancre dans la baie du Levante, vers 22h00.

Le lendemain, nous reprendrons pied sur cette île ou nous étions resté une semaine en 2017. Nous reverrons Mira qui nous avait aidé lors de nos recherches ainsi que Mariangela qui s’occupe, avec Mira, de nourrir les chats errants de l’île.

Vanille

Excursion incontournable de cette île, l’ascension du volcan, tout proche du port. Le chemin est bien indiqué et l’ascension en travers de la pente n’est pas très difficile.  Les premiers mètres au sortir de la route sont paradoxalement les plus ardus, les pieds s’enfonçant dans le sable volcanique. Après une heure environ de marche régulière, je découvre le cratère de Vulcano. j’en ferai le tour, profitant au maximum de ce point de vue privilégié sur la Sicile et l’Etna, sur le Stromboli et les autres îles éoliennes.

A gauche, la baie du Ponante, à droite celle du Levante et au milieu l’île de Lipari.

Baie du Levante, Azadi au mouillage.

Fumerolles…

Vue panoramique sur Lipari

Du sommet de Vulcano.

 

Au mouillage de Vulcano, le rêve de Soizic.

 

Après 3 nuits passées à Vulcano, après un dernier diner avec Mira, nous quittons l’île direction la Sicile et plus précisément le port de Céfalu à une cinquantaine de milles dans notre Sud-Est. Nous y arriverons en fin d’après midi. Avant de jeter l’ancre dans la baie voisine, nous passons par la case Gasoil. En me renvoyant l’amarre, le préposé me la jette bien pleine face. Aussitôt, mes lunettes de soleil s’offrent une petite baignade. Une fois ancré, je reviendrai les chercher mais ne parviendrai pas à les localiser. Le préposé de la station service m’avait informé qu’il irait les chercher. Je l’interpelle le lendemain matin sur le chemin de la ville pour apprendre qu’en fait il s’agit de faire appel à un plongeur professionnel …. payant ! Je chausserai à nouveau mes palmes et les retrouverai lors de ma seconde apnée à l’aplomb de la proue alors que je les avais cherché à la poupe la veille au soir…

Céfalu est une petite station balnéaire mondialement célèbre pour sa cathédrale … normande, si, si, normande !!!. Nous déambulerons dans cette jolie petite ville, arpentant ses ruelles dont le Corso Ruggeo, l’artère principale du quartier historique où il fait bon admirer les palais, les églises baroques et faire du shopping pour ramener quelques souvenirs typiques de la Sicile.

En quittant Céfalu, vue de la cathédrale normande.

Après Céfalu, cap sur Palerme distant d’une trentaine de milles. A priori encore un grand port et pas vraiment de mouillages sûrs à proximité. Cela m’inquiète un peu dans la mesure ou nous comptons visiter Palerme du mieux possible. Et il est important d’avoir l’esprit tranquille par rapport au bateau.

Nous arriverons en vue de Palerme en début d’après-midi, accueillis par une horde de dauphins, un plaisir dont on ne se lasse jamais.

Sicile – Palerme

 

Sans grande conviction, nous entrons dans le port le plus au nord de Palerme…. 90 euros la nuit ! Juste à la sortie, avant le petit port d’Arenella, quelques voiliers sont à l’ancre dont Gauloise 3, ancien voilier de course du début des années 80 aujourd’hui reconverti en charter que nous avions déjà croisé à Vulcano. Je m’approche de lui et son skipper me confirme que le mouillage est sûr et ne pose pas de problème. A 14h30 Azadi est ancré sur un fond de sable, par 10 mètres de fond et 50 mètres de chaîne et sans plus tarder nous débarquons en annexe au petit port d’Arenella.

Dans ce petit port, je choisis au hasard un ponton pour débarquer qui semble faire partie d’un petit yacht club privé. Mais pas de souci, on nous autorise à rester et nous partons confiants à Palerme sans idée de la surprise qui nous attendra au retour.

En route pour Palerme avec le bus local. Arenella est la banlieue nord de Palerme et nous devons prendre deux bus pour rallier le centre historique, nous avons environ 500 mètres à parcourir pour rejoindre notre station de bus. Les rues qui nous y conduisent sont d’une saleté invraisemblable. Tous les caniveaux – du moins ce qui en tient lieu – sont jonchés de sacs, d’emballages, de cartons et bouteilles plastiques, de canettes et de déchets variés. Les quelques poubelles présentes débordent, des sacs éventrés à leurs pieds…. Incroyable…

Nous repérons la bonne ligne de bus (linéa 731) et constatons qu’il nous faut aller jusqu’au terminus, une quinzaine de stations. Le problème est que le bus ne s’arrête pas à toutes les stations et qu’il nous est difficile, voire impossible, de repérer les noms des stations soit parce qu’ils sont noyés dans les feuillages, soit parce qu’ils ne figurent pas sur les abris….

Et, cerise sur le gâteau, le terminus n’est pas un terminus dans la mesure ou le bus ne s’y arrête pas plus longuement qu’à une autre station et nous nous en rendons compte après avoir rebroussé chemin sur une bonne moitié de notre parcours. Gag…

La ligne 101 nous amènera finalement jusqu’au centre ville où nous pourrons commencer notre visite.

Et cela commence par le carrefour des « quatre chants » – les quattro canti –  dont le nom sous-entend les quatre vents et les quatre saisons. Aujourd’hui simple carrefour, il divisait autrefois la ville en 4 quartiers. A chaque coin, un bâtiment concave où les architectures d’inspiration dorique, ionique et corinthienne se succèdent sur 3 niveaux. Chaque bâtiment est orné d’une fontaine surmontée de statues de divinités – Eole, Vénus, Cérès et Bacchus (hic)  elles-mêmes surmontées de  statues des rois Charles Quint, Philippe II, III et IV  eux-mêmes coiffés par les saintes patronnes de Palerme, à savoir Nymphe, Olive (mais pas Popeye), Agathe et Christine !

N’en jetez plus, la façade est pleine !

L’ensemble est plaisant même si le carrefour est un peu « étriqué » pour que nous puissions l’apprécier comme il le devrait.

Quattro Canti, façade Sud-Est.

A quelques pas des « quattro canti », se trouve la fontaine Prétoria. Immense fontaine du 16ième siècle ornée de seize statues nues de nymphes, humains, sirènes et satyres. La place fut même surnommé la « Place de la honte » (« Piazza della Vergogna ») du fait de la nudité des statues. Les religieuses du couvent voisin, certainement épouvantées par la précision anatomique des statues masculines, envisagèrent bien de les émasculer mais se contentèrent de leur couper le nez …. Peut-être faisaient-elle semblant d’être effrayées alors que dans leur for intérieur …. mais je m’égare, revenons à notre fontaine !

Les nez furent restaurés alors que les pénis sont bizarrement tombés. Erosion ? Intervention divine ? Va savoir …

Palerme compte près de 600 églises. On ne va pas pouvoir toutes les visiter ! Comme à notre habitude, nous allons errer dans la ville, visiter ce qu’on pourra visiter en essayant d’abord de se faire plaisir.

Après une halte café – un vrai espresso italien servi dans un dé à coudre capable de réveiller un mort – nos pas nous conduisent à la cathédrale. Incontournable, la cathédrale mérite effectivement le détour. Imposante construction du XIIième siècle élevée sur une ancienne mosquée dont il subsiste un cartouche sur la colonne plus à gauche du portail d’entrée.

Elle présente un mélange assez étonnant de styles qui se mêlent harmonieusement. De là à imaginer que les architectes successifs passaient outre à la religion de ceux qui les avaient précédés mais respectaient avant tout le travail des hommes, il n’y a qu’un pas ….

Il a créé la nuit et inventé le jour pour couvrir la nuit, les étoiles et les planètes, l’univers est donc son œuvre, voudrions-nous qu’il n’en soit point le roi ?

La cathédrale possède un héliomètre (« observatoire » solaire) datant de 1794. L’appareil est assez simple : un trou minuscule dans l’un des dômes mineurs agit comme un sténopé, projetant l’image du soleil sur le sol à midi solaire. Une ligne de bronze court sur le sol du nord au sud : les extrémités de la ligne marquent les positions du soleil aux solstices d’été et d’hiver ; les signes du zodiaque peints sur les dalles à divers intervalles montrent les autres dates tout au long de l’année.

 

Après la cathédrale, place à une église plus modeste mais assez remarquable avec ses trois coupoles roses, l’église de San Cataldo. Encore un exemple de la fusion des architectures catholiques et musulmanes.

 

Il est temps de rentrer sur le bateau. Les bus nous ramènent à Arenella – sans gag cette fois-ci – et nous nous présentons devant le portail du yacht-club. Fermé ! Nous sonnons, attendons, sonnons…. attendons mais personne ne nous répond. Pour récupérer l’annexe, nous ferons un détour par un restaurant voisin en expliquant au serveur ce qui nous amène, puis  nous nous fraierons un chemin parmi des blocs rocheux pour finalement nous retrouver à une dizaine de mètres de l’annexe. Mais 10 mètres d’eau !!!! Nous sommes le 25 aout et la température de l’eau est plutôt agréable même à la nuit tombée. Petit strip-tease du capitaine, avec Brigitte pour unique spectatrice ,et quelques minutes après nous sommes de retour sur Azadi pour une bonne nuit.

Le lendemain matin, nous échouerons l’annexe sur la petite plage. Parmi les barques échouées, deux ou trois ne navigueront plus jamais et ont été transformées en  poubelles. A deux pas, des gens sont déjà allongés sur le sable et des enfants se baignent. Déroutant.

Retour en centre ville.

Sitôt descendu du bus nous prenons un café devant l’église Saint Dominique, en italien : Chiesa di San Domenico ou simplement San Domenico, située dans le quartier de La Loggia dans le centre historique de la ville est l’édifice religieux le plus important après la cathédrale. Cette église accueille les sépultures de nombreuses personnalités de l’histoire et de la culture siciliennes. Pour cette raison elle est connue sous le nom de « Panthéon des illustres Siciliens ».

 

Parmi ces illustres siciliens figure le juge Giovanni Falcone, assassiné le 23 mai 1993 par la mafia sicilienne.

A Palerme existe le No Mafia Mémorial, exposition permanente située en plein cœur de la ville qu’il serait dommage de ne pas voir et que nous visiterons un peu plus tard dans l’après-midi.

En attendant, reprenons nos déambulations au cœur de la vieille ville. Justement, partant de la piazza san Domenico se trouve le marché des bouchers – mercato della Vucciria. Il y a effectivement quelques bouchers mais ce n’est pas le marché de Rungis non plus. Les restaurants et marchands de souvenirs ont pris la place des bouchers. Nous arriverons rapidement à la piazza Caraciollo, placette occupée par les poissonniers d’où se dégagent de succulentes odeurs. J’aurai bien déjeuné sur place mais il était encore un peu tôt.

Il semble bien que la Vucciria ne soit plus ce qu’elle était. C’est devenu une ligne dans les guides touristiques, un souvenir qui rappelle l’atmosphère populaire et attachante de la Palerme d’hier.

Nous avons décidé de visiter ensuite le Palais Royal.

Nous n’avons pas l’œil rivé sur notre montre pour courir d’une visite à l’autre. D’ailleurs cela ne sert pas à grand chose puisque les horaires des guides semblent bien  approximatifs, quand ils ne sont pas complètement obsolètes pour cause de Covid. Ainsi le Palais Royal normalement ouvert tous les après-midi ne l’est plus que le matin en raison de la pandémie. Le COVID en sicile doit être un gros flemmard qui ne se lève pas de bonne heure, donc il est possible de visiter le matin, mais pas l’après-midi … Dommage, nous ferons, à regret, l’impasse.

Nous profiterons néanmoins des magnifiques jardins qui précèdent ce palais.

Nous retournerons ensuite faire une petite visite à la cathédrale puis déjeunerons tout près de cette dernière.

De ne pas visiter le Palais Royal nous a mis (un peu) en colère tout comme le fait d’être sans cesse importunés par des familles faisant la manche de façon insistante, surtout lorsque nous sommes attablés à la terrasse d’un café ou d’un restaurant. Sans oublier les tapeurs de clopes – limite agressifs – qui lorsque je réponds « non » à leur sollicitation me rétorquent « Perché ? » (Pourquoi ?)… Ben, parce que je ne fume pas, c….rétin  !!!!!

Ces petites tensions ternissent notre séjour palermitain, l’ambiance générale étant moins sereine que celle que nous connaissions en Grèce. Et bien sûr, nous sommes très vigilants quand à nos portables ou appareils photos. Pas question, comme en Grèce, de les laisser sur la table, trop tentant !

Cette tranquillité grecque nous manque vraiment.

Redescendant le Corso Vittorio Emmanuel, nous nous arrêtons dans une jolie boutique de spécialités culinaires dont le patron parle un français impeccable. Enfant, il a longtemps habité dans le nord lorsque son père travaillait à Usinor-Dunkerque. ils y retournent régulièrement, son père renouant chaque été, avec ses anciens collègues, aux joies de la pétanque et du ricard !!!

Après un bon moment d’échange, nous ressortirons avec de la crème de pistache, des spaghettis à l’encre de seiche, de la marmelade orange/pistache, une bouteille de vin mandorla blanco (un vin liquoreux, mélange de vin Marsala et d’arôme amande) et une petite pigna en céramique.

 

A Palerme, il est conseillé de lever les yeux pour profiter des beautés architecturales de la ville. Il est vrai que nombre de balcons méritent qu’on s’y attardent et  nombreux sont ceux ornés de ces fameuses « pigna ». Nombreux aussi ceux qui sont emmaillotés dans de robustes filets pour éviter qu’ils ne s’effondrent sur les passants. C’est malheureusement le lot de nombre de bâtiments qui attendent depuis longtemps une réhabilitation aujourd’hui pressante.

Cette seconde journée palermitaine s’achèvera à Arenellà où nous avions prévu de diner dans un restaurant proche de la plage. La veille au soir, en passant, nous avions vu passer quelques plats appétissants et nous ne serons pas déçus de notre soirée.

La plage d’Arenella.

La minute tradition.

Parmi les spécialités qu’il faut absolument ramener de Sicile,  nous en avons repéré 3 présentes dans toute boutique de souvenirs digne de ce nom.

La Pigna (pas colada!!!), la Trinacria et la tête de Maure.

Les Pigna sont donc des pommes de pin en céramique de toutes tailles et de toutes couleurs. Elle ont, de tous temps et dans diverses civilisations, représenté symboliquement la force vitale, l’immortalité, la divinité ainsi que la fertilité et la force régénératrice pour les graines qu’elles contiennent. Il est bien vu d’offrir des pommes de pin à accrocher au-dessus de la porte en guise de souhait de santé et de bonne chance à la famille qui y vit.

La Trinacria est tout simplement l’emblème de la Sicile dont c’était autrefois le nom. Il y a plusieurs interprétations à ce symbole :  Sa forme qui fait clairement référence à la forme triangulaire de la Sicile., sa tête centrale qui fait plutôt référence à Méduse, protectrice de l’île, la seule des trois Gorgones à ne pas être immortelle et dont la beauté fascinait tous les hommes qui, dès qu’ils se retournaient pour la regarder, se transformaient en pierre.

Quant à la tête de Maure, la légende raconte que vers l’an 1100, dans le quartier arabe de Palerme vivait une belle fille à la peau et aux yeux roses qui semblait refléter le beau golfe de Palerme. Elle vivait presque dans l’isolement et passait ses journées à cultiver et à prendre soin des plantes sur son balcon.

Un jeune mauresque, en se promenant, vit la belle fille prendre soin des plantes et tomba amoureux d’elle. Il entra sans tarder dans la maison de la jeune fille et lui déclara son amour. La jeune fille lui rendit son amour. Malheureusement, elle apprit que le Maure allait la quitter pour s’en retourner chez lui, où sa femme et ses enfants l’attendaient.

Trahie et offensée, elle attendit la nuit pour se venger. Dès qu’il s’endormit, elle le tua, lui coupa la tête et en fit un vase dans lequel elle planta du basilic qu’elle exposa sur son balcon.

Le basilic prospérant grâce aux larmes que la jeune fille versait chaque jour, suscitait l’envie de tous les habitants du quartier, alors ceux-ci confectionnèrent des pots en terre cuite, graste en dialecte sicilien, en forme de tête de maure.

Nous, on a ramené de la crème de pistache et du Marsala aux amandes.

Nous ne serons pas mécontents de quitter Palerme. Bien sûr, nous avons loupé quelques monuments et sans doute n’avons nous pas apprécié la ville à sa juste valeur… En écrivant ces lignes, début décembre, je me rends compte malgré tout que nous y avons fait une belle escale même si tous les ingrédients n’étaient pas réunis pour en profiter au maximum. N’oublions pas que le COVID est présent et qu’il n’est pas naturel de se balader avec un masque qu’il nous faut porter chaque fois que nous entrons dans un édifice ou un magasin.

Le 27 août au matin, l’ancre est relevée et Azadi met le cap à l’ouest pour une étape de 35 milles qui nous amènera à  San Vito lo Capo, ultime mouillage sicilien de cette saison. Nous sommes ancrés devant une belle plage et l’ancre a bien croché dans le sable, au milieu d’une vingtaine de voiliers tous posés sur cette magnifique eau turquoise translucide.

Avec l’annexe, j’irai faire le plein d’eau aux pontons jusqu’à ce qu’une accorte mama sicilienne vienne couper l’eau en me tenant un discours à priori pas agréable. Pas grave, j’avais quasiment fini de remplir mes bidons mais cela ne relève pas la qualité de l’accueil reçu dans les ports siciliens.

San Vito lo Capo est une station balnéaire apparemment très courue et la grande plage est couverte de transats et de parasols. Nous sommes bien sur Azadi et nous ne descendrons à terre que le temps d’une bal ade dans la ville – sans grand intérêt – et d’un détour par le supermercato local pour  compléter l’avitaillement du bord en produits et pain frais.

Après San Vito, nous rejoindrons l’archipel des Egades composé de trois îles. Nous nous arrêterons sur la plus grande, Favignana avant de traverser jusqu’en Sardaigne d’où Brigitte rentrera en France. Il nous reste une semaine pour être à Cagliari.

Après avoir fait le tour de la ville, nous passerons devant le musée du thon, la Tonnara Florio, que j’ai très envie de visiter. Depuis septembre 2009, l’ancienne conserverie est devenue un centre culturel dédié à la mattanza. Il nous faudra revenir à l’heure de l’ouverture pour s’entendre dire que la visite est impossible, le guide « français » étant absent ce jour. Malheureusement, nous avons prévu de repartir dès le lendemain. En discutant avec la responsable, elle propose de nous faire la visite en s’excusant par avance de son français imparfait. En fait, elle parle bien notre langue même si elle bute sur quelques mots plus techniques. Ce sera donc une très intéressante visite avec cette guide improvisée, rien que pour nous deux, qui, outre l’histoire de la tonnara nous racontera son histoire :  Jeune fille venue faire un stage professionnel sur l’ile, elle y avait rencontré son futur mari et n’avait plus quitté l’île.

Une belle rencontre, une très belle visite parmi ces beaux bâtiments qui autrefois grouillaient de vie transformés en musée pour nous raconter la traditionnelle pêche au thon rouge aujourd’hui condamnée par la pêche industrielle qui est plus un massacre à l’échelle planétaire qu’une pêche responsable et respectueuse.

 

La minute Thon.

Favignana tente aujourd’hui de faire vivre la mémoire de la mattanza, l’ancestrale mise à mort des thons rouges. Pour les pêcheurs, c’était alors 100 jours de sueur et de sang. Au mois de mars, ils réparaient les filets pour les mettre à l’eau le mois suivant. Sept kilomètres de labyrinthe servant à piéger les bancs de thons rouges qui longent au printemps les côtes siciliennes. Au terme du périple, la «chambre de la mort». Pas d’issue possible. A la surface, les harpons des pêcheurs.

maquette du piège à thons.

 

Cette pêche était aussi un pilier de l’économie locale. La conserverie, l’une des plus importantes de Sicile, fournissait toute l’Italie en chair de première qualité. De quoi occuper les 900 travailleurs de l’île qui venaient découper les thons de juin à décembre.

Mais en 2007, la mattanza s’est arrêtée pour cause de raréfaction des poissons. «Il y a trente ans, nous prenions 4 000 thons quand la saison était bonne. Ils pesaient rarement en dessous de 100 kilos», dit le pêcheur. La dernière pêche fut nettement moins bonne : 900 thons, de 70 kilos en moyenne.

Conséquence directe, cette pêche coutait plus qu’elle ne rapportait…. et le chômage dépasse les 30% sur l’île.

La municipalité  envisagerait de faire repartir la pêche au thon, importante pour l’île, qu’il s’agisse d’économie, de culture, de traditions ou encore du visage touristique de Favignana.  Mais  encore faudrait-il pouvoir le faire de manière pérenne, rentable, qu’elle garantisse une autosuffisance financière. Les décisions européennes sur les quotas restreignant la pêche au thon rouge permettront, peut-être, cette reprise d’activité. Et il faudrait aussi que les flottes japonaises de thoniers arrêtent de sur-pêcher les thons partout sur la planète !

En savoir plus sur la pêche au thon et son histoire, cet article du Chasse-Marée.

 

Suite à une erreur de manipulation, j’ai dû emprunter quelques photos sur cette page pour illustrer cet article.

Le 30 août – jour de mon anniversaire, bon anniversaire, merci, au matin nous quittons Flavignana pour rejoindre la Sardaigne. La météo semble favorable, entre force 3 et force 5, avec une trajectoire vers le Nord pour commencer afin d’éviter un petit couloir de vents plus forts en arrivant sur la Sardaigne.

Sitôt débordé l’abri de l’île, la situation est un peu différente. Le vent est un peu plus fort que prévu – 25 nœuds environ – et une grosse houle nous accompagne, prenant Azadi par le travers bâbord arrière. Selon les prévisions, cela devrait s’apaiser …. Mais les prévisions ne sont que des prévisions et la situation ne s’améliore pas vraiment. Nous sommes partis pour environ 160 milles, soit environ 30 heures de navigation. Pire, les plus grosses vagues qui nous abordent par l’arrière ont tendance à faire pivoter Azadi et le pilote automatique est parfois un peu lent à le remettre sur le bon cap. Et si une seconde « grosse » vague arrive, c’est la cata ! Le pilote ne sait plus faire et se met en grève (sans préavis !). Il me faut alors rattraper le bateau, pas toujours très simple.

Une fois, deux fois, trois fois sans que je réussisse à régler le problème, réglage de voiles ou problème de réglage fin du pilote ???  En attendant, Brigitte n’apprécie pas trop la situation et appréhende un peu la suite si la météo ne s’améliore pas comme prévu. Nous sommes encore proches de Marettimo, la troisième île des Egades. Nous avons encore de la marge pour rejoindre la Sardaigne aussi mettons nous le cap sur cette île.

Ce ne sera pas une partie de plaisir face aux vagues et, en arrivant sur l’île, la météo ne s’améliore vraiment pas. L’un des deux ports, protégé du vent du Sud ne peut nous accueillir, vraiment trop petit. Des iliens, du bord, nous font d’ailleurs vigoureusement signe de nous éloigner ! Le second est largement ouvert et la houle y pénètre furieusement faisant danser le ponton d’accueil. Pas d’autre solution que de retourner nous mettre à l’abri à Favignana que nous atteindrons à 14h30 après une sortie de 6h00, pour le plaisir !

La météo n’étant pas plus favorable le lendemain, nous attendrons le 1er septembre pour quitter Favignana.

Le lendemain, 31 août, la situation se gâte dans l’après midi. Un petit coup de vent du Nord, assez bref, génère de belles vagues qui nous bousculent dans le port. Un petit voilier à l’ancre manque d’en faire les frais. Il n’a qu’un petit moteur hors bord qui ne lui permet pas d’étaler le mauvais temps et il doit faire appel aux marins du port pour rejoindre un ponton. Mais cela ne suffit pas et, après avoir frôlé l’échouage, il faut l’intervention du semi-rigide de l’association de protection de l’île et ses 150 CV pour le mettre enfin  à l’abri.

De notre côté, nous sommes parés à toute éventualité, prêts à lever l’ancre. De temps à autre, je mets le moteur en marche avant lente pour soulager l’ancre. Il faut pourtant nous résoudre à lever l’ancre alors que la mer à l’extérieur du port est démontée. L’un des marins du port nous indique que le mieux est de rejoindre la côte sud de l’île.

Et  c’est parti pour une heure de navigation un peu agitée pour commencer, Azadi prenant les vagues par le travers et trempant copieusement son capitaine par la même occasion. Brigitte et Pom’ se sont refugiées dans le bateau. Progressivement, notre cap passe au sud et la navigation devient plus agréable, Azadi « surfant » gentiment sur les vagues. Nous parons enfin la Punta Marsala et découvrons une belle baie, très calme, avec quelques bouées de mouillage. Le paradis !

Bon, en prenant la bouée, je laisse tomber mes lunettes (bis) qui iront se cacher dans les algues….  Elles y sont encore.

Après un beau coucher de soleil et une bonne nuit, nous mettrons enfin le cap sur la Sardaigne avec un ultime crochet par le port de Favignana pour y compléter le plein de gasoil.

Ce premier septembre, la météo est plus clémente et nous passerons presque toute la journée sous grand-voile haute et génois déployé. Contrairement à notre dernier départ, c’est une zone sans vent qui se profile à l’Est de la Sardaigne. Nous prenons donc un cap Ouest-Sud-Ouest qui nous permettra de passer sous cette petite bulle.

Une traversée sans histoire qui nous verra jeter l’ancre dans la baie de Porto Giunco, au sud-est de la Sardaigne après une traversée de 170 milles bouclée en une petite trentaine d’heures depuis notre précèdent mouillage.

Au petit matin, sorti de nulle part, un petit oiseau viendra tenir compagnie à Brigitte qui m’a relayé peu avant le lever du soleil. Il repartira avant même que nous n’ayons touché les cotes de Sardaigne.

Nous allons rester deux nuits dans ce joli mouillage, Brigitte profitant tranquillement de ces derniers instants sur le bateau. Nous alternerons notre temps entre baignade, farniente, sieste, rien-faire et encore baignade…. Pas une vie facile, je vous le concède aisément.

Nous ferons quand même une grande balade jusqu’à Villasimius, la ville voisine. Histoire de lui dégourdir les pattes, nous emmenons Pom’ avec nous. Elle passera la majeure partie de la balade sur mon épaule ou dans mes bras. Nous déjeunerons en ville dans un petit restaurant tranquille, Pom’ dormira dans un coin de la terrasse, à l’ombre.

Au retour, nous avons le malheur de nous trouver sur une portion de plage privatisée. Voulant prendre un café, nous nous dirigeons vers une petite paillote mais il nous est impossible d’y entrer : réservée aux clients du plagiste ou d’un hôtel voisin. Pire, interdit également de marcher le long de la mer. Le cerbère de service me raccompagnera jusqu’aux limites de « son » domaine. Heureusement pour lui, il ne comprenait pas le français …

Nous trouvons juste insupportable ces immenses plages privatisées, défigurées avec leurs innombrables parasols et transats alignés en rangs d’oignons. M’enfin….A quand la constitution d’un Front de Libération des Plages Publiques ?

Le 4 août à 09h00 nous quittons ce bel endroit pour rejoindre Cagliari où nous nous amarrons aux pontons de la Marina del Sol à 13h00. Accueil sympathique et tarif raisonnable, bienvenue à Cagliari. Demain midi, Brigitte s’envole pour Paris. En fin d’après midi, nous allons donc repérer la gare centrale et les moyens de transports pour rallier l’aéroport.

Nous flânons également dans la ville avant de nous offrir un dernier restaurant.

Cagliari

 

Le 5 au matin, un taxi nous amène à l’aéroport de Cagliari-Elmas d’où Brigitte s’envole à midi.

Sitôt qu’elle ait passée les portiques et disparue de ma vue, aussi triste de la voir partir qu’un peu excité par ce qui m’attend – ramener Azadi à Soubise en solo – je retourne sur le bateau, en train. J ‘arriverai au bateau chargé comme un baudet – du Poitou, naturellement, après avoir fait un bon avitaillement, pour moi et pour Pom.

Je ne suis pas très pressé puisque je compte aller passer la nuit dans un mouillage proche de Cagliari . Aussi, je prends le temps de faire la vidange du moteur avant de larguer les amarres. Les voisins de ponton me prêtent leur pompe d’aspiration  et, en 30 minutes, l’affaire est  bouclée. Jai bien une pompe sur Azadi mais elle ne me donne pas satisfaction. Il me faut un temps infini pour vidanger les 3,5 litres du moteur, la pompe surchauffe, c’est à chaque fois une galère.

Une fois cette opération de maintenance rondement menée, je rejoins donc un superbe mouillage sur la cote Sud-ouest de l’île dans la baie de Malfatano. Il y a en fait quatre petites baies dans cette grande anse et je serai seul dans une de celles-ci, mouillant par 6 mètres sur un fond de sable blanc. Soirée et nuit tranquille.

A 7h00 je suis sur le pont prêt à … faire un peu de couture. En affalant la Grand Voile la veille j’ai eu la mauvaise surprise de constater qu’une latte était partie, déchirant son gousset….

Préparer une latte de bonne longueur avec les morceaux que j’ai en réserve, un peu de couture puis coller une bande de tissu à voile…. Et ça repart. Il faudra que ça tienne jusqu’à Soubise. La GV passera par la case Incidences à La Rochelle cet hiver pour une petite révision.

Je quitterai finalement cette baie a 09h00, en direction de l’ile de Majorque.

Mais ceci est une autre histoire.