Coucher de soleil sur la péninsule de Méthana, vue du port de Poros. Pour les habitants, c’est une silhouette de femme couchée.

24 mars, premier jour de mon nouveau séjour en Grèce. Nous sommes arrivés dans la matinée à Karystos. Le voyage a été long depuis Paris.

en vol vers la Grèce.

L’avion a bien décollé à 20h45 pour atterrir  Athènes à minuit mais il a fallu ensuite attendre un bus pour Rafina puis le ferry pour Marmaris et encore un bus pour Karystos. Ma pauvre Pom’ n’est pas beaucoup sortie de son sac de transport et elle était vraiment contente de voir le bateau. Comme moi …

Après un petit somme, j’ai fait un aller/retour en ville pour garnir un peu la cambuse pour les deux jours à venir

Demain, c’est la fête nationale…

 

… Mais NON !!!!! Tout cela, c’est en rêve.

En fait, depuis le début de l’année 2020 un affreux virus, CoVid-19 de son petit nom, s’est invité chez les humains et met une belle pagaille sur Terre. Mon sac était prêt, les billets d’avion et de train réservés depuis belle lurette, le planning de dodos chez les copains bien ficelé mais 5 jours avant le départ, il a bien fallu se rendre à l’évidence, impossible de circuler, nous allions être confinés. En fait, le mardi 24 mars, c’était le début de notre deuxième semaine de confinement. On tient malgré la situation difficile dans le pays, peu aidé par une équipe gouvernementale en dessous de tout et la sortie du tunnel est encore loin… Et de ce fait, la mise à l’eau d’Azadi est reportée à … plus tard.

Mardi 14 avril, notre président bien-aimé nous en a remis une couche :  4 semaines de bonus jusqu’au 11 mai …

En fait, je n’arriverai en Grèce que le mardi 23 juin. Vol sans problème, prélèvement nasal à l’arrivée – pas vraiment agréable – et obligation de rester joignable 24 heures à l’adresse indiquée sur le formulaire rempli durant le vol. Pas de souci, je ne serai pas rappelé, je dois donc être négatif au Covid-19.

Il semble que l’hiver ait été bien venteux à Karystos – ce que confirmera Roland – car rare sont les bateaux qui ne présentent pas quelques stigmates, cordages flottants au vent, emmêlés, coupés quand ce n’est pas un morceau d’éolienne envolé.

Sur Azadi, c’est un des cordages qui soutient le lazy-bag qui s’est rompu. Je serai bon pour une escalade dans le mat. A part cela, RAS. Gros travail de nettoyage, réarmement du bateau (j’enlève le maximum de chose avant l’hiver, passant des messagers en lieu et place des drisses, dépose de la bôme que j’emmaillote soigneusement pour éviter que des oiseaux viennent y nicher, etc, etc …

Pom’ a donc retrouvé Karystos, le bateau et son environnement. Elle s’en accommode sans mal en attendant qu’Azadi retrouve la mer

 

Avec la pose d’un beau joint de quille tout propre et l’indispensable couche d’antifouling, qui sera cette année d’un brun-rouge assez moche – le noir n’était disponible que « to-morrow morning » et je sais d’expérience que cette formule recouvre des délais très variables, Azadi sera prêt pour retrouver la mer Egée.

Les employés du chantier en train de préparer la remorque.

 

Karystos Marine, au sud de l’île d’Eubée, est apprécié des plaisanciers français. Ainsi en ce début juillet, ce ne sont pas moins de 8 bateaux sur lesquels s’affairent les équipages avant leur mise à l’eau.

Azadi sur la remorque , prêt à reprendre la mer.

L’équipage de Quo Vadis, Jean-Pierre et Chantal sur Chalatte VI, Jean-Luc et Agnès sur Temps libre, Marc et Pascale sur Ké Bouleg, Jean-Michel et Gin sur Viflo II , Michael et moi sur Azadi, sans oublier Roland, le régional de l’étape et son 1090, Fulmar.

Les mises à l’eau se succéderont plus ou moins vite selon l’état de préparation des uns et des autres, selon la météo – et cela soufflera fort – et bien sur selon les disponibilités du chantier.

Azadi sera mis à l’eau le 13 juillet et le lendemain, ce sera au tour de Chalatte VI, dernier du groupe. Roland n’est pas encore prêt même si son fils, Hugo (chef de bord à l’UCPA disposant bien malgré lui de quelques semaines de libre suite à la réduction du nombre de stages proposés en raison du Covid) lui prête main forte pour ses travaux.

Nous retrouverons donc une belle brochette de pavillons tricolore dans le port de Karystos

Azadi au port de Karystos.

La petite troupe, avec Agnès et Jean-Luc en G.O, partagera quelques apéritifs et quelques Gyros Pita savoureuses, sans oublier les deux excellents restaurants qui nous ont vu faire une infidélité à la gentille serveuse de la taverne où nous prenions doucement nos habitudes.

Viflo II sera le premier à larguer les amarres alors que Temps Libre, Chalatte VI, Ké Bouleg et Azadi quitteront  Karystos de concert le 15 juillet dans l’après-midi pour aller jeter l’ancre dans la baie de Vasiliko sur l’île de Mégalo Pétali. Le soir, ce sera un sympathique barbecue sur la plage avec un autre voileux français de passage dont j’ai oublié le nom (oups, milles excuses…)

Chalatte VI, Temps Libre et KéBouleg dans la baie de Vasiliko sur l’île de Mégalo Pétali.

Le lendemain, après des adieux déchirants – non, je blague !!!! – Azadi mettra le cap sur Athènes où je récupérerais Soizic et André d’abord, Brigitte ensuite.

Mais d’abord je fais route en direction de la baie de Vouliagméni. J’assisterai à un ballet de bombardier d’eau et d’hélicoptères s’affairant autour d’un feu situé non loin, me semble-t-il, du port de Lavrion.

Je jetterais finalement l’ancre dans la baie de Vouliagméni peu après 19h00 au terme d’une navigation d’une quarantaine de milles. Surprise le lendemain matin, les employés du port viennent m’annoncer que le mouillage près du port est interdit… alors que j’ai déjà mouillé au même endroit à plusieurs reprises. Je ferai d’abord la sourde oreille (!) puis me résoudrai à mouiller un peu plus loin lorsqu’ils menaceront de faire intervenir la police, présente d’ailleurs sur le port … Sympa.

Baie de Vouliagméni

Evidemment, la chaîne s’est entortillée dans un énorme grappin « oublié » par des pécheurs. Un voisin belge viendra me prêter main forte en prenant la barre d’Azadi pendant que je démêlerai le sac de nœuds en apnée. Merci à lui, qui décidera de rester sur place malgré les injonctions des cerbères du port.

Les 18 et 19 juillet nous serons donc à Zéa Marina, une vraie marina avec tous les services qu’on peut en attendre et bien sûr, le tarif qui va avec (46 euros/nuit pour Azadi).

Avec ma fille Soizic et son copain André – dont je fais la connaissance cette occasion – nous trainerons dans Athènes, le quartier de Plaka, et assisterons à la relève de la garde le dimanche midi. Un passage incontournable pour les touristes à Athènes.

La minute jupette :

La relève de la garde a lieu  toutes les heures devant le Parlement, place Syntagma. Les touristes viennent admirer les irrésistibles Evzones. Ces derniers font probablement partie des personnages les plus photographiés d’Athènes. 

Les Evzones ( qui signifie littéralement « bien ceinturés » en grec) constituent une unité qui veille sans discontinuer sur la tombe du soldat inconnu devant le Parlement et sur le Palais présidentiel. Et ce sous un soleil de plomb (ce qui est souvent le cas à Athènes), qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Ce ne sont pas des militaires professionnels mais de jeunes Grecs qui accomplissent leur service militaire obligatoire. La sélection pour devenir un Evzone est rude. En effet, il faut mesurer au minimum 1,80 m et être capable de demeurer impassible en toutes circonstances. Dès lors qu’ils revêtent leur uniforme, les Evzones ne sont plus autoriser à parler. Ainsi, s’ils rencontrent une difficulté lors de leur garde (par exemple en cas de comportement déplacé d’un touriste), ils tapent le sol avec la crosse de leur arme afin qu’un supérieur leur vienne en aide. Toute communication orale étant proscrite, les Evzones communiquent par un système de clignement de paupières. Un clignement pour dire « oui », deux clignements pour « non » et trois clignements pour signifier « je ne sais pas ».

Les Evzones sont parés d’un uniforme entièrement fait à la main qui a de quoi faire pâlir de jalousie les fashionistas. Le must de leur tenue est la fameuse jupe plissée, appelée fustanelle, taillée dans 30 mètres de tissu blanc. Et elle est composée de 400 plis qui symbolisent les 400 années de servitude sous l’occupation ottomane. En outre, sous leurs jupes, les Evzones portent des bas de laine blanche. 

L’uniforme des Evzones est également constitué :

  • d’un béret en feutre rouge avec un gland de soie noire
  • d’un gilet orné de broderies qui répondent à un savoir-faire ancestral. La couleur noire du tissu symbolise le deuil de l’esclavage. Quant au blanc, il représente la pureté de l’amour pour la liberté.
  • d’aériennes chaussures, appelées tsarouchia, pesant 1,5kg chacune et dont la semelle est ornée de 60 clous en métal. D’où la résonnance de leurs pas lorsqu’ils battent le pavé de la place Syntagma.  Le bout des chaussures est orné d’un pompon noir. Il se dit qu’une lame tranchante était autrefois cachée dedans, très utile lors des combats au corps à corps.

 

Les filles du Moulin Rouge …

Brigitte arrivera le dimanche soir et un superbe feu d’artifice sera tiré en son honneur … à moins que ce ne soit pour célébrer la victoire de l’Olympiakos FC Le Pirée dans le championnat de football grec. Franchement, je ne sais pas encore….

Pour les amateurs, le meilleur buteur du club est Kostas Mitroglou, bien connu des supporters de l’OM et parmi les joueurs de l’équipe victorieuse cette année figure un certain Mathieu Valbuenain  tout aussi connu des mêmes supporters.

 

Le lundi matin pendant que les jeunes visiteront l’Acropole, nous irons pour notre part visiter le magnifique musée de l’Acropole (https://www.theacropolismuseum.gr/).

Un magnifique musée, spacieux, où les œuvres sont magistralement mises en valeur.

L’Acropole vue de l’ouest.

Dans l’après-midi, nous mettrons le cap sur Poros, notre île-refuge en Grèce, afin d’y retrouver Adda et Armando.

Si Soizic connait déjà cette île, c’est une découverte pour André qui l’appréciera tout comme son séjour sur Azadi. Au menu de cette escale, le tour de l’île en quad en passant par le monastère de Zoodochos Pigi, les ruines du temple de Poséidon, baignade dans la baie de Barmparia, déjeuner dans la taverne du centre de l’île ainsi qu’un excellent diner au restaurant avec Adda et Armando…. Armando commandera pour nous et nous nous ré-ga-le-rons. N’est-ce pas, André ? Tout cela nous est maintenant habituel mais cela est toujours aussi agréable.

Le 23 juillet en début d’après-midi nous quitterons Poros pour rallier la baie de Kleftiko, sur Milos, à 03h00 du matin. La traversée s’est faite avec un vent modéré mais une belle houle de ¾ arrière. J’ai assuré la dernière partie de la navigation, ne réveillant l’équipage qu’à proximité de Milos.

Décor de rêve, eau turquoise, bienvenue dans la baie de Kleftico.

Après avoir profité de cette jolie baie, nous rejoindrons Adamas, le port principal de l’île de Milos pour faire découvrir cette dernière à nos visiteurs. Au menu, Plaka puis le village de pêcheurs de Klima, ses garages à bateaux aux portes colorées, prétexte à une longue séance photo.

Les couleurs du village de Klima.

Nous irons également au petit village de pécheurs de Mandrakia, dans le nord de l’île, près de Firopotamos. Ce village , tout aussi pittoresque que Klima, avec ses « syrmata »  (garages à bateaux).  Tout près, une belle taverne au bord de la mer nous accueillera. Nous nous y régalerons alors que des poulpes sèchent au soleil près de notre table.

Mandrakia

Très bonne taverne au bord de la mer à Mandrakia.

Puis, ce sera Sarakiniko sous une chaleur étouffante qui fera fuit Soizic alors que le site est un must d’instagram…

Nous repasserons par Plaka en fin de journée pour y admirer le coucher de soleil.

Après Milos, nous remonterons gentiment sur Varkiza en passant une nuit au port de Livadia (île de Sérifos), puis dans celui de Mérikha sur l’île de Kithnos et enfin une nuit au mouillage dans la baie du Cap Sounion, sous le temple de Poséidon.

Port de Mérikha, sur l’île de Kithnos.

 

Azadi au quai de Mérikha – île de Kithnos.

Le temple de Poséidon.

Le 29 juillet à 09h45 nous jetterons l’ancre devant Varkiza. L’équipage s’est endormi la veille devant les ruines du temple de Poséidon pour se réveiller devant Varkiza. Réveillé de bonne heure, j’ai levé l’ancre « discrètement » pour rallier ce petit port d’où André et Soizic rejoindront l’aéroport le 30 au matin … par le bus de 05h30 ….

départ du cap Sounion. Le soleil se lève rien que pour moi…

Comme il se doit, nous avons partagé une dernière pita dans une taverne de Varkiza.

Une grosse dizaine de jours très agréables pendant lesquels nous avons eu le plaisir de lier connaissance avec André et de partager avec lui – et Soizic – ce que nous vivons depuis maintenant quelques années avec Azadi.

Au final, avec les enfants, ce seront 7 étapes de 15 à 77 milles pour un total de 236 milles nautiques.

Une fois notre équipage occasionnel parti, nous mettrons à nouveau le cap sur Poros pour passer une semaine avec Adda et Armando avant de mettre le cap sur Soubise.

Mais ceci est une autre histoire.